Rallyes-Raid
La moto Médicale sur le TUNISIE 09
Pour cette édition 2009, le Rallye de Tunisie annonçait du gros : 4500 km sur 11 étapes sans journée de repos et sur deux pays. Un bon morceau de bravoure donc, surtout que le sac médical était toujours aussi lourd, que la 690 était toujours aussi grosse et que le bonhomme toujours plus vieux...
/BOUCLE_traductions>
Photos de François ROPHÉ et d’Arnaud DELMAS- MARSALET
Les préparatifs
Encore une fois, mon pote Simon m’a sorti une moto de son garage perso. Cette fois, c’est carrément le must, une 690 Rallye qui affiche un petit 2000 au compteur, donc à peine rodée la vigoureuse... Rien à dire, les autrichiens ont fait du beau boulot. Tout est pensé pour le rallye. Il n’y a rien a rajouter. Les préparations sont donc des plus rapides. Quelques pièces d’usure type chaîne, patins divers, pignon et couronne. Un filtre à air par jour et un filtre à huile tous les deux jours. La malle est ainsi vite bouclée, c’est l’avantage de ces motos où il n’y a rien à bidouiller. C’est d’ailleurs une moto comme cela qui peut vous permettre de partir sur un DAKAR sans assistance, à la malle comme on dit.
Un essai routier sur le "périphe d’annecy" me permet de mettre le doigt sur un petit problème : la moto guidonne grave, failli m’y mettre comme un bleu... Coup de bigo a Huggy les bon tuyaux, alias Philippe DASSE chez Piboules à Aix, spécialiste de la 690. Pas à tortiller, faut lui lever la jupe à la belle pour régler l’amorto AR. Sitôt dit, sitôt fait, mazette c’est même pas difficile ...
- Réglage de l’amorto
A cette occasion, j’en profite pour manipuler la bête. A l’arrêt, on prend peur, c’est un mammouth ! Juste pour voir, je couche le monstre. Ah, Pauvrette ! Je suis bon pour la double sciatique et la hernie scrotale. Va pas falloir faire le fou....
Le Rallye
- Motos au Départ
Pour son deuxième Rallye de Tunisie, Stéphane CLAIR, l’organisateur et patron de NPO, a subit de plein fouet l’effet crise. Une trentaine de motos et même chose en voiture. Peu de participants mais un plateau relevé car tous les bons sont là : Despres, Coma, Viladoms, Pain, Helder... Très rapidement, tout le monde se connait et c’est la bonne ambiance !
- Ambiance cool pour les tops...
D’entrée la météo nous a fait quelques caprices, du genre pluies diluviennes, avec froid et vent. Tunis, sous la pluie au petit matin c’est vraiment pas le top. En fait, dès qu’il pleut en Afrique du Nord, les routes sont transformées en patinoire du fait de l’accumulation de gasoil, d’huile et du reste.... Les premiers tours de roue sur ma 690 de prêt sont donc laborieux voir tendus. Les voitures se font un plaisir de vous frôler. Il fait chaud sous la combine de pluie, le moteur chauffe. Parti à l’arrache bien après les dernières motos, je me sens bien seul dans cette traversée de Tunis et le tout va durer 3/4 d’heure.... Vite quitter le nord pour attraper un peu de soleil, mais gaffe tout de même, les bibs-mousse sont pas neufs et la dernière fois que j’ai roulé en bib sur la route un peu fort en 690, la plaisanterie a durée 200 km avant de fondre littéralement la mousse AR. Pour le coup, la prudence est de mise, ne pas dépasser le 110 afin d’avaler les 300 km plein sud pour retrouver enfin le sec. Le rallye peut commencer....
- Début Tranquille...Trop Bon !
Cette première étape fait environ 60 km, peu importe, c’est vraiment bon de mettre du bon gros gaz entre les figuiers de barbarie. On libère un peu les chevaux, on règle les freinages, la science revient même si elle mord un peu sur les bordures... la science.Cependant, faut pas s’emballer, car le rallye nous promet quelques misères à venir. Donc, pas de faute à la première surtout avec la belle moto toute neuve que mon ami Simon DROUX m’a gentillement prêtée.
- alan le magnifique
Premier bivouac, s’est toujours aussi bon. Sous un grand dôme gonflable, JDB nous a mijoté de bons petits plats servies par de sympathiques dames. Alan, le kiné emblématique des rallyes, nous attend au médical pour un petit massage dont il a le secret.
- la malle
Pour cette édition comme pour les autres, je n’ai pas d’assistance,je suis à la malle comme on dit, à l’ancienne ! Nous sommes trois sur 30 dans ce cas à ne dépendre que de nous et de notre malle pour assurer l’entretien et les réparations de nos motos. Tous les soirs, on retrouve avec bonheur nos deux routiers dealeurs de binouses et leur gros semi-remorque. Parmi les motard, il y a Fabrizio, un gaillard Italien aussi petit qu’il est malin mais qui ne parle pas un mot de français . Heureusement, on est un peu tous latins et le langage des mains fait merveille. Le Troisième larron, est un turc rouquin de bonne famille qui roule sur une BMW 450. Cette pauvre moto perdra progressivement toute sa belle allure du début pour finalement rendre l’âme dans la dernière spéciale.
- malle 2
En fait, le rallye sans assistance est envisageable avec de grosses motos bien solides genre 660 ou 690 kTM, lorsque chaque soir on peut se contenter de ne faire que le filtre et la vidange. Si vous roulez propre et sans tomber comme Fabrizio et sa 690, le rallye vous revient pas cher, tout en étant dans les 10 ! Pour moi, qui part derrière et qui arrive forcement dans les derniers, la partie de mécanique bien que limitée, me pèse un peu plus mais bon cela fait partie du jeu...
Le gros morceau de bravoure était fait d’une étape marathon commençant par une étape très sablée de 600 km. Pour ma part, je me suis régalé malgré avoir frôlé la correctionnelle. En effet, j’ai fait l’erreur de stopper juste après une dune pour aider un concurrent ayant chuté en flanc de dune. Dans la seconde qui a suivi, Teranova et sa BMW était sur moi. Fort heureusement, il a eut le temps de freiner touchant juste mon garde de boue arrière. J’ai conscience d’avoir grillé un bon joker. En effet, chaque fois que vous êtes non visible sur le tracé du rallye, il faut déclencher l’alarme de son sentinelle afin d’éviter de se faire écraser.
- Même pas moche en plus !
Comme sur le shamrock, j’ai eut la chance de rouler quelques kilomètres avec Virginie Premat. Seule femme a rouler en moto, Virginie, au prix d’un entrainement très sérieux, progresse a grande vitesse.
- Pas facile le sable !
Encore un ou deux rallyes et cette fille pourra s’inscrire au Dakar, le terminer et le gagner chez les filles. Chapeau bas !
Après toutes ces aventures, l’ensemble de rallye s’est retrouvé dans une boite de Tozeur. On a eut le droit aux renards d’olivier Pain ( C’est officiel, il supporte pas l’alcool), aux fesses de Schlesser, à une course de mobylette entre Després et Shicherit. Ceci devant un parterre de groupies déchainées... C’est beau le rallye !
Les différents types de terrains
Sur un rallye de cette longueur, mieux vaut être adaptable et savoir faire de la vigoureuse sur tous les terrains. Dans une journée, c’est fou le type de terrain que vous rencontrez et c’est cela qui est plaisant !
- Plage
Pour se mettre en roue, Stephane va nous organiser un petit prologue sur la plage, pas trés dur mais il y a un peu de monde et les concurrents peuvent faire un peu de figuration..
- Un grand moment ...de fleurs !
Ainsi dans le nord c’est souvent un terrain meuble, mi- sabloneux, mais avec de multiples changement de direction le tout dans les fleurs...Grand moment de pilotage et de bonheur !
- poussiere 1
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- poussiere 2
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- poussiere 3
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- poussiere 4
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On rencontre également de nombreuses pistes trés poussiéreuses, glissantes. Le couple de la 690 fait merveille et on se prend souvent le gros panard grace a des glisses d’anthologie. Gaffe tout de meme car si cela glisse en sortie de virage, c’est la même chose en entrée, l’anticipation est ici le maitre mot !
- cailloux super rapide
Plus au sud, les pistes deviennent plus caillouteuses mais également plus rapide, la 690 est ici au nirvana, les vitesses atteintes, souvent diaboliques ( 170 Km/h) si ma pauvre mère savait cela ...Trop bon !
- cailloux rapide
Encore plus au sud, de nombreuses portions sont souvent droites et vraiment caillouteuse. J’ai ainsi souvenir d’une ligne droite de près de 20 km ou les cailloux semblaient avoir été planté dans la dernière étape Libyenne qui nous ramenait en Tunisie. C’est parfois bien long, cela tape énorme. Un calvaire pour les jantes surtout lorsque les bibs sont usés. Pour ma part, je choisis souvent de rouler bien gaz sur le terre-plein du milieu qui à l’avantage d’être fait de pierre mobiles. La moto bouge beaucoup mais tape beaucoup moins. Faut pas essayé d’éviter, c’est bien bourrico mais plus que tu en mets, plus que cela tient !
- Le gros cailloux...
Avec le gros cailloux, cela se complique un peu. Le trialisant avec une grosse, faut pas tortiller du popotin. Il faut se débrouiller à tirer des bouts droits surtout si les pierres se trouvent enchassée dans un terrain sablonneux. Là, c’est plus du pilotage mais du déménagement ... Sur ce Tunisie, il y aura un bout de bravoure en Lybie de 150 km de long , dantesque !
- Le sable comme la neige...
Et puis enfin, il y a le sable, loin, très loin au Sud après des centaine de bornes de marteau piqueur... C’est doux, c’est bon, c’est grand. Avec ce type de moto, vous attaquez n’importe quelle dune... On arrive presque trop vite en haut, on coupe un coup et des la crête est passée, c’est gaz dans la descente. Que du bonheur !
- ça c\’est de la tomme !
Gaffe tout de même a ne pas s’enflammer, toujours le postérieur bien en AR pour éviter la prise de Karaté classic et redoutable de Mister Dûne !
- sirene
Toujours avoir à l’esprit que le sable peut changer de portance en moins d’un mètre. Le plus souvent c’est invisible et donc imprevisible comme sur cette photo. Tout roulait jusqu’a ce que brutalement je me les ecrase sur le reservoir !
Rôles de la moto Médicale
Les rôles de la moto médicale sont multiples. En relation avec le PC via une radio à fréquence relayée, on évolue sur la course en fonction des impératifs : dépanner, aider, médicaliser mais surtout dépister... En effet, le fait de rouler parmi les motards permet de vite repérer les motards à risque. Il faut a tout pris éviter que celui ci ne se mette dans le rouge car il y a gros danger d’hyperthermie d’effort.
- Aération, hydratation et de l\’ombre... faut pas trainer !
Une fois repéré le sujet a risque, il faut rapidement l’encourager à se reposer, s’aerer, l’aider à s’hydrater puis gentillement le sortir de la difficulté. Ainsi sécurisé, on permet au motard de passer un mauvais cap, ce qui lui permet souvent de continuer ensuite sereinement... On fait ainsi de A/R dans les ergs, évitant souvent des heures d’hélico et des drames sablonneux !
- Foncer sans tomber...
L’important pour l’organisateur est d’avoir un moyen d’intervention rapidement mobilisable, surtout lorsque les hélicos sont occupés sur d’autres missions et que le terrain est difficile comme dans les dunes . De plus, la moto avance à la même vitesse que le gros du peloton donc jamais très loin des lieux de baston !
- Soins 1
Dès le matin, en attente du départ, on fait le tour des motards . C’est la valse des petits maux, des petits bobos. Super sympa car cela permet un contact resserré avec chaque pilote.
- soins 2
Le fait d’être motard, de faire la même piste, de connaitre les mêmes galères, permet au médecin motard d’être mieux reconnu et écouté. La confiance s’installe très rapidement.
- Casteu en recherche de tendresse...
Les petites pathologies en Rallye
Les pathologies rencontrées en rallye sont très diverses.
Il y a le coup fatigue qui guette surtout les moins rapides. Le temps passé sur la piste est souvent le double des meilleurs. Cela donne un cocktail de belles photos...
- quadeur fatigué
S’est dans les étapes de sables que les motards se mettent bien minables. Ici le Kali est a 100 bornes de l’arrivée, mais il a déjà bien donné pendant les 500 Km précédent. Cassé, il n’ira guère plus loin et passera la nuit dans les dunes comme 4 ou 5 motards sur cette étape !
- kali fatigué
Dans les chutes, lorsque on a la chance de ne pas se casser d’os, on se fait souvent toutes sortes d’hématome.
- hématome en lunette
D’abords celui en lunette, qui vous fait un joli maquillage... Il est souvent le fait d’une pirouette avant avec coup de boule au passage dans le tableau de bord.
- hématome cuisse
Lorsque vous avez la chance d’éviter de taper la tête, il est souvent difficile de ne pas claquer une cuisse ou un fessier sur une pierre. Cela donne également quelques beaux dessins...
Pour éviter cela, je rajoute un système de protection sous le pantalon pour le sacrum et les fémurs.
Pour éviter le trauma abdominal, je rajoute au gilet thoracique classic, une plaque de plastique rigide empruntée à un pare pierre Kenny. Coincée dans la ceinture de mon gilet, elle protège efficacement Foie et Rate !
- En prevention des Ampoules : Le phlycstop
Les mains souffrent énormément sur ce type d’épreuve car elle sont soumises à de multiples micro traumatisme. On ne serait que vous rappeler l’utilité d’un produit comme le phlycstop pour la prévention des ampoules !
- Epicondylite
Vibrations et déshydratation sont souvent les bases de nombres de tendinite. Ici une superbe épicondylite du coude. Seul traitement, le repos...
L’assistance Médicale
L’assistance Médicale sur les rallyes est assurée par une association du nom d’AMS dirigée par le Dr Olivier AUBRY qui compte à son actif plus de rallyes que son age ! AMS travaille en coopération avec une société de rapatriement du nom de Mutuaid dirigée par une charmante personne, le Dr Florence POMMERY . Pour faire simple, AMS s’est le terrain, Mutuaid s’est le rapatriement !
- Helico
Sur un rallye comme le Tunisie, s’est environ 20 médecins repartis comme suit :
— 5 voitures médicales appelées Tango ( Une tous les 100 kilomètres de spéciale pour être en règle avec la FIM)
— Une moto médicale
— 1 hélico Médicalisé, le Mike ( Totalement dédié à cette cause) et un autre avec un médecin et son matériel ( Hélico tête de course)
— Un dispensaire mobile aux départs et arrivées pour la bobologie mais également capable de temporiser pour les médicalisation en attente de transfert. Il y a là, toute une équipe de druides et kinés volontaires avec des infirmiers, urgentistes, anesthésistes et chirurgiens mous ( Digestif) et durs ( Nonos !).
— Tout cela est régulé via le PC par "Papa tango". Là, faut aimer car à ce poste, le Rallye c’est pas les grands espaces, mais plutôt la clostro garantie !
Pour tout ce petit monde, il faut off course du matériel au top depuis le cachet d’aspirine jusqu’au respirateur de réa. Vous dit pas le travail de gestion en amont... Le problème pour l’organisateur, s’est qu’il est difficile de faire plus ligth sans prendre de risque car il faut le confesser : les gens sont devenus "pete couille". Un accident, une intervention Hélico en 1/4 d’heure, une opération chirurgicale dans la journée( Bien plus rapide que dans n’importe quelle région de France) et y en a qui critique... Vont tuer notre discipline, ces cons !
Pour l’occasion, le père Aubry nous avait envoyé ses meilleurs ! Avec un médecin pour trois participants, z’ont pas été débordés les joyeux, mais c’est également pour cela qu’on vient : joindre l’utile a l’agréable et vive la médecine !
- Reconfort psy, savent tout faire chez AMS
A l’image de Stéphanie, doigt d’or de la chirurgie digestive, qui a su s’adapter à la psychologie difficile des motards perturbés par le stress de l’aventure !
Les tangos, sur cette éditions, n’ont pas été à la noce ! A l’image de mon pote Eric Marquet, dit Léon ! Le bougre est tombé dans "un trou de chiotte "sablonneux.
- Grosse fatigue pour Léon !
- Résultat, un tonneau, une voiture froissée, une grosse fatigue et un certain dégout du système !
- Neige se detend !
Même Neige, co-pilote du tango "pénélope", a du se réfugier dans la nébuleuse des paradis artificiels pour trouver les ressources de prolonger son pèlerinage !
- Sarah, Pénélope des dunes !
Sans faire grand bruit, la petite Sarah s’est jouée des pièges de la piste en ramenant chaque soir son tango à bon port....Sont fortes ces femmes !
- Trêve de plaisanteries, suivre un rallye en tango s’est pas du tout cuit ! Il faut souvent faire la piste avec des véhicules à peine préparés ou sous motorisés. Une fois l’étape torchée, il faut repartir pour se mettre en place pour le lendemain. Si vous casser la voiture, vous êtes un naze ou mieux un pilote frustré et si vous êtes pas en place vous êtes une burne. Si vous avez le malheur de doubler un concurrent, vous êtes un fangio et si vous vous poussez pas accès vite devant les concurrents, c’est la plainte garantie ! Pour ma part, le tracassin Médical s’est terminé car le problème est insoluble. Aprés 8 Dakar en Tango, je suis convaincu de l’efficacité de la moto, les pilotes sont demandeurs, la FIM aussi, seul certains organisateurs sont retissants... Mais il n’y a que les c... qui ne changent pas d’avis . Ça s’est dit !
En conclusion
L’Afrique en moto c’est de la balle !
- arrivée
-Cependant, cette discipline nécessite beaucoup de Kilomètre avant de vous donner son meilleur. Quelque soit le type de terrain, il faut toujours rouler à vue, regardez toujours bien loin pour anticiper au maximum et surtout ne pas tomber....
- simon
Encore merci à Simon DROUX pour m’avoir prêter sa moto si gentillement. Celle-ci n’est jamais tombée en 4500 km, s’est une obligation pour la moto médicale ! Simon, le baroudeur du dèsert, va bientôt organiser un rallye.... j’y serai !
- Il sent bon le sable chaud...mon légionaire !
Merci à Stéphane Clair, ami et organisateur de l’épreuve qui ne ménage pas ses efforts pour faire vivre cette discipline. Grâce à sa confiance, AMIS a réussit à prouver l’efficacité de la moto médicale sur les rallyes. Pilotes et FIM ont ainsi validé la présence d’une moto médicale tous les 50 concurrents !
Dr Jérôme FEUILLADE