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Classique Internationale 15ème édition. 250 pilotes 7 nations.
Médecins : Dominique Palayret et Frédéric Pasteau
Secouristes : Alain Dolla et Gaël Brasseur.
Ambulanciers : Corine et Bruno Dumand de ST Geniez d’Olt.
Voivi le compte rendu magistral de l’édition 2009 par Gael "Boris" Brasseur.
Les photos sont de l’ensemble de la fine équipe.
Les quatre jours s’annonçaient bien : petite semaine de boulot de deux jours puisque nous quittions Marseille pour rejoindre l’Aveyron dès le mercredi après-midi. Tout d’abord il nous fallait faire connaissance entre nous car les deux médecins anesthésistes réanimateurs Frédéric Pasteau et Dominique Palayret sont des nouveaux pour les médicalisations d’AMIS. Par contre ils sont déjà bien rodés pour ce qui est de l’intervention d’urgence sur de nombreuses épreuves sportives (marathon des sables etc..). Ils font partie des « Vieilles Tiges » (non descriptif de leur virilité mais bien d’une association des vieilles brèles de trial, l’équivalent des « Vieilles » Tétines de Grouik). Le quatrième et dernier devait être notre pote Hugues Pouille (un nom comme cela ne s’invente pas…) qui est d’ailleurs la personne qui m’a parlé de ces deux médecins qui pourraient remplacer tous les toubibs et secouristes d’AMIS indisponibles pour ce gros WE de 4 jours. Seulement c’est sans compter la fougue de notre admirable Hugues qui deux semaines avant la course se casse deux côtes basses sur une grosse marche avec sa bleue (une Scorpa..) l’empêchant de pouvoir conduire toute moto même un Dax. Il a bien espéré jusqu’au dernier jour mais c’était de la pure folie que de passer 4 jours debout sur une brèle de trial (je ne parle même pas des zones pratiquement obligatoires pour le binôme qui ferme)…Il était vert le pov’ Hugues !..lui qui en avait tant rêvé de faire ces 4 jours de l’Aveyron avec nous ! Il se maudit encore tout seul dans son Garlaban ! Mais comme c’est un chic type, il est venu m’apporter pleins de matériel médical récupéré chez les patients qui n’ont pas survécu à ses soins…Vraiment Hugues on te le promet : une prochaine fois aux trois ou quatre jours de l’Aveyron, c’est toi qui partira.
A ce rythme là de narration, on n’est pas prêt de finir les quatre jours sachant que l’on n’a pas encore quitté Marseille ! Avant cela, nous avons donc rendez vous dans les quartiers Nord de Marseille dans une superbe villa (on se demande bien comment est-ce possible).
Assis dehors au soleil en sirotant un rosé bien frais…Après la visite incontournable du garage de Dom qui entasse les vieilles brèles telles que 500 XT customisée et profilée machine de grand prix, nous pûmes enfin quitter la cité phocéenne.
Nous avions bien fait de quitter Marseille assez tôt car c’etait sans compter les arrêts aux péages de Fred et Dom qui pouvaient bien durer 10-15 min, et ce à tous les péages… sans compter que le Land Rover de Fred qui affiche les 20 ans et 600 000 kms n’est pas un foudre de guerre mais est tout à fait assorti avec sa vieille Yam 250 TY. Quelques petits détours non loin de Séverac et au moins 5h plus tard, nous arrivions à la capitale européenne du trial, du moins pour ce WE, à savoir St Geniez d’Olt. Après avoir klaxonné Corinne et Bruno Dumand (les ambulanciers), récupéré notre rouleau de PQ au camping (ce détail aura son importance plus tard…), on file rejoindre avec empressement tous les bénévoles habituels du Moto Club 12 autour du maestro Molino.
Au Lion d’Or, le ton est donné pour ces 4 jours au niveau de la gastronomie !
Contents de tous se retrouver la soixantaine de personnes de l’organisation et de contempler les 250 machines dans le parc fermé. Le reste de la soirée jusqu’à plus d’1h du mat consistera à trier tout le matériel médical de Ptite Fourche et de Dom et Fred.
Après quelques heures de sommeil, nous nous préparons, un peu comme un cérémonial : depuis novembre et les trois jours d’Entraygues, je n’avais plus porter ce sac de 15 kilos comprenant non seulement tout le matos médical et les différentes perfusions qui pèsent un âne mort mais aussi tous les outils de réparation. Fred n’a pas eu pitié de mon hernie discale de février ! mais un peu plus de la sienne de Mars !
Fred et moi fermons ce qui veut dire que l’on pourra faire les zones à loisir.
Pour le premier jour, nous voulons attaquer tranquille les 58 bornes d’interzone sur le causse de Buzens. Faut pas se mettre par terre dès les premières grimpettes alors qu’il reste quatre jours pour se vautrer. Ceci dit, dès le premier quart d’heure une jolie montée avec du franchissement de gros rochers dans la boue fait un peu réfléchir notre ami Fred et sa Yam. Ce fut en fait un test de sélection.. et tous les AMIS ont passé, même encore engourdis et complètement « vierges » sur l’épreuve. Nous y sommes : lancés pour quatre jours ! Nous allons passer une heure à chercher un concurrent belge qui est parti par la route en boitant : bilan poignée cassé et entorse de la cheville.
La deuxième nuit a été plus difficile. Dormant avec Alain, il a décidé d’enlever des chicanes et s’est mis à ronfler à plus de 90 db, exactement à 4h18 du mat, concomitant avec ma première diarrhée qui allait durer les trois jours suivants. Le divorce avec Alain était prononcé ! d’un lit commun, j’atterris sur une banquette dans l’entrée du bungalow : c’était aussi, il faut le dire, plus près des chiottes !..Malheureusement les succulents tripous du resto le soir ne sont pas restés trop longtemps dans ma panse.
Garcia était là avec sa vieille anglaise qui laboure
Là au matin du deuxième jour, les heures de sommeil se comptent sur les doigts d’une main et il va falloir assurer les 77 km d’interzone sur l’Aubrac. C’est une journée splendide avec alternance de zones en rivière et forêts profondes, moulins en pierre et couleurs superbes des feuillages.
Ensuite le plateau de l’Aubrac où nous ramassons le deuxième belge fracassé qui refusera la perf et passera de 6 à 8 de tension à la vue de la l’aiguille ! L’aligot sur le plateau de l’Aubrac au relais des Lacs est un must des 4 jours avec une superbe météo. Au retour, un promeneur nous traite de « connards » de motards et nous change la direction du balisage nous envoyant Fred et moi promener 15 min dans un no man’s land…A notre retour sur nos pas, le fléchage avait été enlevé par les fermeurs et nous voilà perdus sur l’Aubrac après les fermeurs. Avec un peu de chance et en tirant la bourre sur la route, nous rejoignons des suiveurs qui dépassent à peine des fougères. Cela aurait pu se finir plus mal si un blessé avait eu besoin de nous.. à cause d’un intégriste de promeneur comme heureusement il y en a peu en Aveyron mais beaucoup plus dans le sud. Les zones sur l’Aubrac sont des grosses pierres rondes en granit entourées d’herbe et de jonquilles où il fait même bon tomber.
La redescente vers St Geniez est à couper le souffle dans la forêt.
Le troisième jour : je suis venu à bout assez rapidement des deux rouleaux de PQ : il me faut m’approvisionner en gros. De plus, c’est jour de marché et nous en profitons pour remplir la glacière de tripous, farçous, fromage du cantal, et autres cabécous, fouace et j’en passe... Un vrai régal pour au moins un mois au retour à la maison. Seul le vin n’est pas ce qui se fait de mieux en Aveyron. C’est aussi aujourd’hui la transhumance des bovins qui partent de St Geniez pour gagner les hauts plateaux de l’Aubrac après deux jours de marche et un bivouac avec des centaines de promeneurs. Les vaches ont revêtu leurs plus beaux habits. Journée longue de 105 km d’interzones un peu plus roulants mais aussi plus caillouteux sur certains passages difficiles. Le repas au bord des gorges du Tarn au dessus des Vignes est un vrai moment de bonheur. La paella sous la tonnelle, un must à vivre avec en plus les charmantes demoiselles de l’organisation (Amélie etc…) qui nous attendent. Sans compter nos amis et presque jumeaux Eric et Pascal, N° 128 et 129, les deux gais lurons de la course, des fidèles ! Ici on a quitté les paysages du type massif central et la granit pour des paysages calcaires et méditerranéens plus chauds, dixit Molino Les zones dans les forêts de pins sont superbes. Le show des pilotes experts le soir à 21h était l’attraction de la vallée où tout le monde se rencontre. Il y avait beaucoup plus de pilotes sur scène que d’habitude et tous ensemble à se frôler sur les roues arrière. Bref chez AMIS, on se disait que si cela continue, statistiquement il va falloir malheureusement intervenir ! Bruand aussi a fait des jumps énormes (c’est son job les shows maintenant) et il nous a bien fait flipper le con ! On n’avait plus envie de bosser à cette heure là : on voulait juste profiter du spectacle et ne pas faire encore de la couture..
Pour le quatrième et dernier jour, 62 km dans la vallée du Lot et le causse de Séverac. Qui dit dernier jour dit fatigue et c’est ce jour où nous aurons d’ailleurs le plus de blessés. A tel point que les deux dernières heures, nous n’arrêtons pas de médicaliser : doigt entaillé à l’os, entorse sérieuse du genou, contusions multiples…bref pas moyen encore de zoner !..Le sac médical commence à être bien plus léger d’ailleurs ! Il est temps qu’on rentre et qu’ils arrêtent de se mettre en l’air…et pourquoi cela tombe toujours sur Fred et moi !!..
Le temps de boire le kir de l’amitié avant de prendre la route… et de féliciter le très sympathique Christophe Bruand qui a repris deux points à Gubian au général le dernier jour et finit en tête à la surprise de tous.
Nous voilà rentrés sur Marseille après un détour par Béziers et un vers Ales dus aux bavardages excessifs.. C’est pas grave les motos voient du pays mais le lendemain matin au boulot sera une autre paire de manches…
A noter cette année et pour la première fois l’absence de Scorpa et du très sympathique Greg Florin, mais un grand merci à Prato qui gère Montesa : ils ont été supers avec AMIS et ont démonté/remonté des circuits d’embrayage plusieurs fois pour Alain et monté un tubeless gracieusement.
Pour conclure, encore un très grand cru avec des toubibs brodeurs de chair au top !! l’urgence ils connaissent ! Pour nous les secouristes, nous avons beaucoup appris puisque nous avons fait beaucoup plus d’interventions que d’habitude. Celles-ci étaient d’ailleurs assez mal réparties car Fred et moi qui fermions trois jours sur quatre avons fait la plupart des médicalisations importantes ce qui nous ralentissait beaucoup pour les zones !!!... voire nous faisait sauter parfois 5 zones de suite et des bières bien fraîches offertes par Starsky et Hutch, nos fidèles commissaires de la région parisienne.
Un S2 en action.
Au bilan médical, une équipe de belges décimée : le premier jour un quinquagénaire avec une fracture du poignet et entorse de la cheville. Le deuxième jour, un jeune de 20 ans est tombé en choc violent frontal à vive allure en interzone avec une belle arcade ouverte sur 5cm avec une tête en sang impressionnante pour les autres concurrents. Plus de peur que de mal après scanner à Rodez. Sur ce, encore un membre de cette petite équipe de 8 belges tombe en panne d’allumage sur le plateau de l’Aubrac et le dernier jour un autre membre de cette même équipe sera lui aussi hors course pour une clavicule droite fracturée ainsi qu’une plaie du genou gauche.
Comme chaque année nous soignons plus de la moitié des personnes de l’organisation, cette année n’a pas dérogé à la règle : un jeune fermeur et son genou gauche bien ouvert sur une pierre, un commissaire qui s’ouvre l’index qui pissait du sang à un mètre après avoir tenté d’assurer un pilote sans ses gants…bilan une partie du doigt doit toujours trôner sur les rayons de la roue avant d’un pilote S1 !! Une entorse du genou avec très certainement rupture des ligaments croisés pour un autre concurrent rugbyman de beau gabarit. Sans compter sur les nombreux pansements réalisés par les mains expertes de Bruno et Coco pour contusions multiples et effets « râpe à fromage » sur la peau car il faut bien le dire, si chez AMIS nous sommes plutôt habillés type enduro pour ne pas nous faire trop mal nous les poireaux, les vrais trialistes eux sont en « tutu » de danseuse et absolument non protégés...Ils ne doivent tout simplement jamais tomber, c’est pas le but après tout ? D’éternels optimistes !..Leur tenue légère justifie à elle seule notre présence !
Rendez-vous en novembre pour les trois jours d’Entraygues et bien sûr l’année prochaine à St Geniez si le « corps vous en dit »…
Gaël
Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages :
« Un jour, les sentiers se vengeront d’avoir été battus » ( Sylvain Tesson).
Fred triant le matériel médical périmé de « ptite fourche » le premier soir jusqu’à pas d’heure..
Ce concurrent n’est pas bien réveillé, a-t-il dormi sur le parc ? A-t-il bien pris sa brèle ?
La première zone des 4 jours
Même une équipe de réunionnais viennent en Aveyron pour le trial et l’aligot !
Notre pote Didier à tous les ravitaillements
Un atout indispensable pour ces quatre jours pour éponger mes ennuis intestinaux : j’en achèterai douze rouleaux à l’intermarché du coin !
Bruno l’ambulancier dans son nouveau camion assez confortable !..
Dominique et ses deux amis.
Ici on traverse les domaines du propriétaire terrien Molino.. avant qu’il ne s’installe peut-être un jour en Argentine.
Christophe Bruand dans ses œuvres. Il gagnera l’épreuve le dernier jour de quelques points à l’arrachée devant Gubian.
Un des grands moments des quatre jours : l’aligot sur le plateau de l’Aubrac (alt. 1200m) sans neige cette année.
Juste avant un belge de 20 ans tombait lourdement sur la tête en interzone et sera envoyé au CHU de Rodez pour un suivi médical.
Fred et sa Yam avaient trop chaud !
Michel notre second ravitailleur nous attendait en plein effort..
Ce WE coïncidait avec la transhumance des vaches sur l’Aubrac, longue marche de St Giniez avec bivouac jusqu’au plateau. Nous on ira en brèle, c’est pas forcément plus direct (notamment par les blocs de granit), mais surtout plus casse gueule !..
Circulation pour les vaches. C’est à ce même endroit que nous soignerons un jeune enduriste fermeur du MC12 qui s’est ouvert le genou. Pendant que Fred fait le nécessaire et le recoud, mon rôle sera d’empêcher les mouches de venir pondre dans la belle entaille !..Il y a mieux comme lieu d’asepsie !..
René Monteil et ses 78 ans se retrouvait parfois avec plus de 20 de tension et nous l’arrêterons deux jours. Mais quelle légende du trial !! Tout ce que vous voulez savoir sur l’histoire du trial sort de sa bouche. Il ne dédaigne pas non plus monter en voiture avec les jeunes filles pour aller manger l’aligot quand il ne peut plus monter sur la moto. On se demande ce qui lui fait le plus de mal pour son cœur.. Un grand salut à ce Monsieur du trial !
Amélie la sympathique contrôleuse du temps de repos à midi.
Eric et Pascal : non ils ne sont pas jumeaux ni même frères, pourtant ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau et chevauchent des Scorpa. Pascal travaille d’ailleurs chez Scorpa et on espère vivement qu’ils vont sortir la tête de l’eau : une belle marque française qui équipe la plupart des amissiens. Pascal et Eric sont ceux qui se prennent le moins au sérieux et rien ne les arrête au niveau de la déconne..ni même les rochers en S3.
Eric Gauthier le gai luron en pleine action !
Starsky et Hutch : toujours en pleine forme avec leur glacière sur les zones, leurs talkie-walkies et girofare. Que tu sois champion ou poireau, même traitement avec eux : la loi c’est la loi !..On ne rigole pas sur les zones ou au parc fermé, exception pour les Amis qui ont droit à leur bière sur zone !("pas d’enrubannage de motos cette année ?"note du Grouik)
Après s’être achetés des brèles chinoises, Bruno et coco tâte la Scorpa et surtout si les amortisseurs peuvent tenir le choc !! Nous on n’achète pas chinois chez AMIS !!
Il y a des chances que ce jeune ne fasse pas de la médecine sa future profession après avoir découvert tous les cadavres que l’on a planqués dans l’ambulance pendant ces 4 jours.
Le binôme Dom et Alain qui a bien tenu les 4 jours soit trois jours de plus que le pantalon d’Alain montrant ses jambes et son slip toute la journée aux participants et autres vaches Salers et Aubrac.
Bruno aux pansements. Il faut même faire les vaccins DT aux commissaires de course..
Notre anesthésiste réanimateur Fred et sa belle Yam 250 de plus de 20 ans d’age. Elle a rendu de bons et loyaux services sur ces 4 jours et côté fiabilité, rien à envier à nos modernes.
Le casque de Fred a dévalé tout au fond d’un ravin en forêt. La zone était tenue par deux belles jeunes filles et nous ne ferons pas cette zone pour ne pas gâcher ce moment digne d’un Tex Avery...
Le boute en train Eric Gauthier de l’AMC Grasse et pas un manche sur une brèle de trial ! Caractéristiques : il parle, gueule et rit en montant dans les zones, tout sauf de la concentration ! Et il passe à merveille le bougre avec sa Scorpa millésimée.
Gaël ne pouvait se « retenir » de faire les zones : celle-ci au fond de ravin avec de magnifiques rivières dans la forêt.
L’équipe des deux secouristes au premier plan (Alain et Gaël) et les deux toubibs (Dom et Fred) au second plan. Le binôme Fred et Gaël a très bien fonctionné ! Fred prend même ses aises !..
L’équipe au complet : des brèles (nos trois bleus et la TY) aux ambulanciers Corinne et Bruno Dumand avec Alain en train d’inspecter son embrayage et son pantalon qui lui donneront pas mal de soucis..
Texte :G.Brasseur pour A.M.I.S.
photos by :Fred , Alain , Dom et Gael