Passé un certain âge, le risque de la pratique de la moto tout terrain n’est pas uniquement traumatologique. A partir de 40 ans, un bilan cardiaque annuel est recommandé.
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Contrairement aux idées préconçues des non pratiquants, la pratique de la moto tout terrain peut solliciter de manière importante le système cardio-vasculaire ; bien sur, tout dépend du niveau et type de pratique. Dès lors que la sortie est prolongée à un rythme soutenu, il s’agit déjà d’un effort d ‘endurance. Celui ci augmente bien entendu avec la répétition de l’activité sur plusieurs jours ( par exemple lors des classiques ) avec, à l’extrême, la pratique des rallye-raid. Se surajoutent à cette activité d’endurance des efforts brefs mais pouvant être très intenses et répétés : relevages et poussées de la moto, sortie de bourbier, « jardinage » dans les passages techniques etc… Cette sollicitation du système cardio-vasculaire est très nettement majorée par la pratique dans des conditions climatiques extrêmes ( que ce soit forte chaleur ou grand froid ), mais aussi par le stress ( libération d’adrénaline lors de la chute avortée, lors de passages délicats, au départ de la spéciale …etc… ). Le système cardio-vasculaire sera d’autant plus sollicité que l’enduriste est peu entraîné ( pratique occasionnelle ) et peu pas sportif par ailleurs.
Le cœur est un muscle dont l’apport énergétique se fait par des artères nourricières : les artères coronaires. Celles ci peuvent être atteintes par l’athérosclérose de façon importante sans que la personne ne ressente aucun symptôme. Face à la forte sollicitation du système cardio-vasculaire lors de la pratique, une de ces artères coronaires non saines peut brutalement être déficiente : c’est l’angine de poitrine, possiblement l’infarctus du myocarde voire beaucoup plus rarement, heureusement, le risque de mort subite.
Les facteurs de risque d’atteinte cardio-vasculaire :
Ce sont les facteurs de risque de l’athérosclérose. Le premier d’entre eux est bien entendu l’âge et la plupart des accidents coronariens surviennent chez l’enduriste vétéran. Toutefois, la pratique quotidienne de la cardiologie m’amène à rencontrer souvent malheureusement des patients plus jeunes touchés par cette maladie. Les facteurs de risque reconnus sont avant tout le tabagisme, l’augmentation du taux de cholestérol, l’hypertension artérielle, le diabète, la surcharge pondérale et l’hérédité.
Les signes d’alerte :
Le signe d’alerte principal est la survenue d’une douleur thoracique : sa description la plus habituelle est rétrosternale constrictive. De durée brève, cédant avec l’arrêt de l’effort, elle doit faire craindre une crise d’angine de poitrine et conduire à l’arrêt immédiat de la pratique et à une consultation dans les plus brefs délais. De durée permanente sans cédation, la crainte d’un infarctus du myocarde en cours de constitution implique une médicalisation immédiate ( appel CENTRE 15 ) et une évacuation la plus rapide possible sous couvert d’une surveillance médicalisée vers le centre spécialisé le plus proche.
En dehors de la douleur thoracique, d’autres symptômes moins spécifiques doivent attirer l’attention : palpitations, essoufflement inhabituel, malaises sans explications évidentes etc…
Mais le plus souvent ces autres symptômes seront à rapportés à une hypoglycémie, un début de coup de chaleur ..
Quelques conseils :
Ils s’adressent avant tout aux enduristes vétérans et ce sont des conseils de prévention.
Il faut bien corriger le plus parfaitement possible des différents facteurs de risque ( la convivialité du milieu de la moto tout terrain ne rime pas toujours avec diététique ! ! )
D’autres conseils simples propres à la pratique de la moto peuvent être apportés :
Savoir rouler à sa main, en ravalant son amour propre lorsque l’on est le maillon faible d’une équipe de "furieux".
Ne pas solliciter avec désinvolture votre copain « toubib » pour un certificat médical de complaisance ( qu’il ne pourra vous refuser ! )
Savoir renoncer à une épreuve lorsque l’on ne se sent pas prêt physiquement.
Durant la pratique, veiller à lune hydratation et une alimentation adaptées.
Proscrire la cigarette « récompense » que l’on allume immédiatement après l’effort intense ( le sommet de la côte chèrement atteint ). C’est paraît il la meilleure, mais sûrement la plus dangereuse ( car pouvant générer un spasme sur les artères coronaires ).
A partir de la quarantaine ( ou plus tôt en cas de facteurs de risque importants ), il est souhaitable comme dans beaucoup d’autres sports exigeants, de pratiquer un bilan cardio-vasculaire comprenant systématiquement la réalisation d’une épreuve d’effort ( Voir article intitulé "épreuve d’effort" ) . La fréquence de ce bilan sera à moduler par la suite selon l’existence ou non d’un terrain à risque, l’existence d’un arrêt prolongé avec intentions de reprendre l’activité, le type de pratique... etc.
Le but de ces propos n’est pas d’effrayer l’enduriste d’un certain âge mais de le sensibiliser pour faire en sorte que les accidents cardiaques graves lors de la pratique de la moto tout terrain deviennent exceptionnels. De lui permettre de pratiquer son sport favori en toute sérénité. Si vous avez un « gros cœur » (sain), alors mettez gaz … ! ! !
Docteur Pascal BARRAUD, cardiologue