Le Team Pulse compet, monté à l’initiative des 3 frères a fait sensation dans le bivouac. Une bande de copain super bien organisé mais toujours rigolard et sympathique. C’est la que j’avais plaisir à venir, une sorte de famille reconfortante. Merci en tout cas pour votre accueil et votre gentillesse.
Jérôme
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28/01/2007 : Bilan Dakar Etienne
L’assistance :
Etant le seul à connaître tout le monde, un peu à l’initiative de la mise en place de l’équipe, j’avais une petite appréhension au niveau de l’entente mutuelle des personnes. J’ai vite été soulagé et sûr d’avoir fait le bon choix grâce à la motivation de tous, et en particulier grâce à Patrick Sartori et Rémi Bonjean qui ont fait un excellent travail.
Le chauffeur de camion, Radim, que nous avons appris à connaître au cours de ce voyage, est apparu comme un excellent mécanicien, très attentif et sérieux dans sa mission d’amener le camion chaque jour au bivouac… Heureusement bien « drivé » par Rémi et Patrick.
Rémi, qui avait le rôle ingrat de « chef », s’en est bien sorti en ménageant les forts caractères de chacun. Chaque jour, il a su trouver un emplacement excellent pour le camion au bivouac, jamais très loin des malles motos, des douches, de la bouffe, de Mécasystème, de Yamaha. Cela peut paraître anodin, mais c’est très important pour limiter la perte de temps et la dépense d’énergie à se promener dans le bivouac. La petite moto et le petit vélo, pour se déplacer dans le bivouac, étaient des très bonnes idées. De même que le drapeau avec la mascotte que l’on repérait de loin.
Dans les rôles de copain, confident, ingénieur mécanicien, sponsor, Patrick Sartori a joué un grand rôle pour la réussite de chacun.
Les autres assistances plus discrètes, Guillaume, Céline, Tara et Dalton, ont joué un rôle important en étant présents très souvent malgré les kilomètres et les incidents de parcours.
L’organisation du camion
Pour être plus efficaces dans l’organisation du camion, nous aurions dû faire une malle pour les vidanges et une malle pour les filtres à air, tâches à faire tous les jours. Globalement, notre stand faisait assez sérieux et plusieurs remarques de professionnels nous ont touchés et encouragés.
Les motos
Le choix entre Yamaha et KTM n’a pas été évident mais nous ne regrettons pas d’avoir choisi Yamaha. Nous n’avons rencontré aucun problème sur les motos si ce n’est le travail d’entretien régulier suite à des chutes de notre part. Nous avions sur nous, à quelques détails près, tous ce qu’il fallait. Et à chaque petit problème rencontré sur la piste, dans la minute, nous avions la solution. Et au cours du rallye, nous nous sommes aperçus que nous étions sollicités régulièrement pour les conseils, astuces, et pièces, ce que nous n’avions vraiment pas prévu auparavant.
L’assistance Yamaha
Nous avions opté pour prendre l’assistance Yamaha, ce qui a été un bon choix. Nous tenons à remercier Franck Helbert et toute son équipe pour leurs compétences, gentillesse, sérieux et disponibilité à tous les moments de la journée. Nous avons vite ressenti l’intérêt que l’on sollicitait par le fait que nous étions 3 frères sur Yamaha.
Je tiens à saluer la performance accomplie l’année dernière par Rémi Bonjean qui est arrivé à Dakar à la 38ème place, sans assistance, avec un budget bien moins important que le nôtre. Maintenant, nous savons tous la performance que cela représente.
Le parcours
La première semaine nous a surpris par sa difficulté dès la première étape aux environs de Lisbonne.
Première anecdote avec David Casteu : il doublait tous les concurrents un à un lorsqu’il a reconnu mon numéro. Ne voulant pas me gêner, il a raté son freinage et a fait un beau tout droit dans les arbres. Il en est ressorti encore plus motivé et m’a doublé en me faisant signe. Au sommet de la montée, il n’a pas vu une souche et la moto s’est envolée de travers. David a essayé de maîtriser jusqu’au dernier moment avant un joli envol dans le sable. Avec François et Fabrice, nous étions témoins, aux premières loges. David s’est relevé, l’arrière de la moto un peu froissée. Deux petits mots, et il est reparti. En montant sur sa moto, juste devant moi, sa balise de détresse tombe dans le sable. Elément indispensable et éliminatoire en cas d’absence à l’arrivée. J’ai ramassé la balise en me disant qu’il y avait quelque chose de fort entre nous deux. A l’arrivée, j’ai rendu discrètement la balise à son team manager, Eric Bernard.
Les deux premiers jours, au Portugal et en Espagne, la ferveur populaire était très importante et très chaleureuse. Tout au long du parcours, des gens étaient là pour nous encourager et nous saluer. Et à l’embarquement au port de Malaga, c’était le délire. Entre le centre ville et le port, on ne voyait pas 2 mètres devant la moto. François a même enlevé son casque et embrassait toutes (ou presque toutes !) les filles. Cela reste un très bon souvenir et nous a rappelé 15 ans auparavant quand nous étions allés à Sète voir les stars : Neveu, Auriol et Rahier.
Le Maroc
On s’attendait au froid et on l’a eu. La tempête, la pluie, la boue nous ont surpris et j’ai un souvenir de longues étapes monotones avec vraiment beaucoup de cailloux. Si le Maroc arrivait à vendre un euro chaque caillou, il serait plus riche que l’Arabie Saoudite. Sur l’étape de Foum Zquid – Tan Tan, c’est avec joie que j’ai reconnu une piste que nous avions faite en partie en VTT en famille, accompagné des familles Feuillade et Déage. J’ai reconnu les endroits où nous avions pique-niqué, bivouaqué, où les enfants s’étaient baignés dans les vasques d’eau. Cette spéciale reste un bon souvenir et elle m’est apparue moins longue.
Le désert mauritanien semble vraiment dur, moins habité qu’ailleurs. Plusieurs fois, des images de paysages grandioses s’inscrivent dans la mémoire comme la descente de la passe de Mena, les rochers qui ressemblent à des éléphants après Tichit. Mais la plus grande impression est celle d’un désert monotone et peu attrayant. Certainement un des coins de la planète les plus arides, avec comme exemple de désolation la ville de Néma.
La transition entre la Mauritanie et le Mali est vraiment étonnante. On traverse une rivière à sec et là, tout change. On voit des filles habillées de façon colorée. En Mauritanie, on ne voyait que des hommes. Les premiers arbres sont fleuris de jolies fleurs roses. Et plein d’enfants qui rigolent et qui nous applaudissent.
Le Sénégal avec les premiers Baobabs, arbres vraiment spectaculaires, et le sol très coloré, rouge, nous procure des sensations nouvelles au niveau du pilotage. La glisse et les freinages sont très différents du sable.
Les copains
Une image qu’il me reste du rallye, c’est la famille Déage et notamment Sylvie la maman, qui nous encourage avec une ferveur surprenante pour une personne plutôt discrète.
Les adieux avec la famille et les copains se font par obligation sur une aire d’autoroute, face aux bouchons avant Malaga. Le déchargement des motos est rapide, surtout ne rien oublier. Embrasser sa femme, serrer ses enfants sur la bande d’arrêt d’urgence, je ne l’avais jamais fait, et c’est avec les yeux humides que j’enfile mon casque et mes lunettes. L’important trafic et la navigation pour trouver le port nous rappellent vite à l’ordre et il faut se concentrer à nouveau pour être dans les temps au pointage au port.
Jérôme, mon copain et voisin, a fait un super rallye, avec une place dans les trente premiers pour une première participation. Le tout avec un sac de 8 kg d’assistance de premiers secours, afin de pouvoir aider les autres motards blessés en chemin. Et tout cela dans la bonne humeur !
De tout le team, celui qui nous tous surpris, c’est Philippe Tonin, qui n’avait pas la meilleure prédilection pour arriver à Dakar. Mais chaque jour, à force de ténacité et de patience, il nous rejoignait au bivouac. Toujours de bonne humeur, jamais un mot plus haut que l’autre. Nous étions très contents de le voir avec nous à Dakar.
Martins, le plus doué et inconstant d’entre nous. Capable du pire et du meilleur chaque jour. Je pense que c’est le pilote qui a le plus appris durant ce rallye. Il nous a battu sur un point : il est plus « bordélique » que nous.
Fabrice, très discret, il a vraiment beaucoup aidé Régis la première semaine. Il a fait le forcing un jour pour nous rattraper, et nous avons terminé le rallye à trois. Sa moto est revenue dans un état impeccable, comme s’il n’était pas tombé de tout le rallye. La seule bugne de sa moto, c’est de ma faute, en faisant les séances photos à l’arrivée.
Régulièrement sur le rallye, une des personnes de l’organisation (qui avait un fort accent belge) nous remettait des lettres. En fait, cette personne est un voisin d’une amie belge, Valérie, qui lui avait transmis à l’avance des lettres correspondant à chaque jour et situation. J’avoue qu’au début, je n’ai rien compris, et c’est Régis, en se foutant de moi, qui m’a expliqué.
Une image qui me reste : en arrivant dans le délire de la banlieue de Dakar, la raison du premier embouteillage, c’était la moto d’Eric Aubijoux. Je l’ai reconnue et j’ai vu à côté le camion de pompiers. Je me suis dit « quel dommage de se faire mal si près du but dans un accident de circulation ». Je me suis rappelé que le matin, j’avais déjeuné avec Eric et sa femme qui le suivait depuis quelques jours au bivouac. Je me suis aussi rappelé que ce gars était vraiment fort de faire sa moto de A à Z sans assistance, et d’être toujours dans le top « 30 » à chaque participation. A l’arrivée, au parc fermé, j’ai ressenti dans le regard de plusieurs personnes un malaise, et j’ai vite compris le drame. J’ai une pensée pour Eric et sa famille.
C’est avec une admiration et une fierté dissimulée que nous avons retrouvé notre maman sur le Dakar. Une première fois à la journée de repos à Atar, et une autre fois au Sénégal à Tanbacounda, avec notre frère Béninois Maurille.
La famille presque au complet était un moment intense même si nous devions rester concentrés à notre course.Quelques phrases, des regards appuyés nous suffisent à exprimer nos émotions.
Une chose importante, le lien entre nous et vous, qui a été possible grâce à notre copain Michel qui a beaucoup travaillé avec efficacité dans l’ombre. Il est sûr que ce travail a été apprécié. Un grand merci à lui.
L’organisation
Cette année, l’organisation du rallye avait mis en place des contrôles de vitesse avec le GPS pour limiter la vitesse dan les villages et les risques d’accident tant redoutés avec la population locale. Le système semble bon, mais certains aspects restent encore à améliorer. Par exemple, rouler à 30 km/h dans le sable mou est très difficile. Durant tout le rallye, je n’ai eu aucun excès de vitesse, aucune amende. Les sous récoltés grâce aux amendes étaient versés à une association d’aide au développement de l’Afrique. Je n’ai malheureusement pas contribué à cette excellente démarche. Régis s’en est chargé le premier jour, après avoir oublié de brancher son GPS.
Nous nous sommes aperçus que nous étions connus auprès de l’équipe d’ASO, et les encouragements de David Castera, Etienne Lavigne, Nelly, Virginie, Hortense et Florian nous ont vraiment touchés.
En tant que concurrent, je me rends compte de la masse de travail effectué et du résultat très positif de l’ensemble de toutes les prestations.
Nous remercions aussi les équipes de pointage des départs et arrivées, qui avaient toujours le mot juste dans des moments délicats.
Le rituel de chaque jour
Selon l’heure de départ, définir l’heure de réveil. La fatigue s’accumulant, au bout de quelques jours, on a l’appréhension de ne pas entendre le réveil. De savoir qu’il y a deux frères juste à côté est un réconfort. Préparer ses affaires est un vrai rituel : remplir son camelbag, prendre la ration de survie, la carte, vérifier la boussole, ne pas oublier son passeport et de l’argent, le kit de pharmacie...
Plier son duvet, plier la « tente deux secondes » qui est vraiment une super idée, rentrer le code GPS, faire le plein de la moto, étudier le road book et le mettre avec application sur la moto… tous ces petites gestes faits avec application optimisent les chances d’arriver au prochain bivouac avant la nuit.
Le classement
Tout au long de la course, nous nous sommes efforcés, François et moi, de ne jamais faire attention au classement, sachant bien qu’au début, nous étions dans la seconde moitié. Lors de chaque pointage de départ, on voyait notre progression en partant chaque jour avec de nouveaux motards. Nous avons progressé doucement, mais il est parfois frustrant de se faire doubler et de rouler aussi prudemment. Jamais, nous n’avons mis la moto en travers ou sauté une dune. Le résultat que l’on voulait, c’était d’être à Dakar. Mais au niveau du pilotage, peu de sensations, mais beaucoup de prudence et de limite. Le rallye est une compétition, nous sommes des compétiteurs, et parfois, c’est rageant de se faire doubler, même si bien souvent, on revoit les mêmes en fin de journée. Je tiens à dire que la première place du team ne me revient pas, c’est largement celle de François. Nous avons trouvé l’erreur de pointage de deux heures, qui n’a pas été corrigée. François est de loin le plus fort de nous tous, en technique de pilotage et surtout en navigation. Plusieurs fois, il nous a bluffé par son audace et sa certitude de ses choix. J’ai pu constater une fois de plus qu’il analyse, interprète et prend les bonnes décisions beaucoup plus vite que moi.
Pendant la deuxième semaine, avec Fabrice, nous étions surtout concentrés à ne valider que ses choix. Lors de l’étape d’Atar, à 40 km de l’arrivée, on roulait très sereinement sur une piste qui semblait être la piste principale. Il suffisait de se concentrer sur le pilotage pour finir ses derniers 40 km. François me double et me fait signe de partir à gauche. Je suis très étonné, je vérifie mon cap, et j’hésite à le suivre en hors piste dans l’herbe à chameau à 20 km/h. Après une petite réflexion, je m’aperçois qu’il a raison, et je le suis. Plus aucune trace, on laisse derrière nous la majorité du rallye filer sur cette piste si facile, à quelques km de l’arrivée. Au bout de qqs km, nous retrouvons une, puis plusieurs traces, et comme par miracle, l’arrivée de la spéciale à 15 km, et une grande partie du rallye derrière nous.
Les stars
Le Dakar permet de côtoyer des stars comme Luc Alphand. Plusieurs fois, avec François, nous avons ralenti à l’arrivée du Mitsubishi n° 300 de Luc Alphand et de son coéquipier Piccard. Nous l’encouragions fermement pour qu’il gagne les spéciales. Et à chaque fois, sa voiture en travers sur les pistes à plus de 180 km, il lâchait son volant pour nous faire un petit signe de la main. Je suis sûr qu’il avait reconnu les frangins savoyards skieurs, copains de Stéphane Massé.
Le Dakar permet aussi de réaliser des rêves comme le fait en ce moment David Casteu. En 2004, j’ai passé une semaine avec Didus à soutenir David en amateur sans assistance. A force de courage et de ténacité, il s’est fait repérer et termine ce Dakar à la deuxième place, c’est vraiment très fort. Nous sommes fiers d’avoir comme parrain David Casteu qui est vraiment très apprécié de tous, pour sa disponibilité et sa gentillesse en particulier. Merci à lui.
Le lac Rose
C’est un étrange moment dans une vie de motard, le départ sur la plage est vraiment un moment de forte intensité. Il ne reste plus que 15 km, mais de partir à 20 de front dans du sable mou est un moment délicat où tout peut encore arriver. Les quatre km de plage sont des moments intenses à vitesse très élevée, puis le retour dans les dunes, la pression se relâche, et avec François et Fabrice, nous avons savouré les derniers kilomètres à petite vitesse. Un grand moment de fraternité et d’amitié, avec un seul de mes frères, François, et un vrai copain, Fabrice. Une bonne surprise de la part des autres amis, c’est le champagne juste avant le podium, et quand même un grand soulagement d’avoir fini quelque chose après 5 ans de préparation. Une petite anecdote : nous avons été très applaudis sur le kilomètre avant le podium, et une voix féminine m’a interpellée et nous a félicitée. C’était Mélanie Suchet et Carole Montillet qui nous ont reconnus. Mais elles, elles étaient de l’autre côté de la barrière. J’étais à la fois surpris de leur attention, et un peu embêté de la situation. Là, les stars, c’était nous. Le podium s’est passé trop rapidement. Nous avons eu les félicitations sincères de David Casterra et Etienne Lavigne. Et juste après, une demande de France Télévision pour un direct pour stade 2. Incroyable ! Tous les copains étaient autour de nous et semblaient heureux d’être là. Il ne manquait que Régis.
La vie à Dakar
Nous avons passé deux jours après le rallye, près de Dakar, Pikine Est, chez Ibou et Detché, deux amis Sénégalais rencontrés il y a deux ans. La survie à Dakar nous a frappé et vite ramené à la réalité africaine. Il me semble important d’avoir des contacts avec l’Afrique et d’apprécier l’accueil de ces gens qui n’ont rien et qui organisent un repas et une fête pour nous, avec presque rien.
Le retour à la maison
De savoir que sa petite femme propose de venir nous chercher à l’aéroport est une bonne nouvelle. La surprise de la banderole dessinée par les enfants et les gaufres préparées par eux pour tous les copains était aussi bien agréable. Le froid et la neige nous ont vite remis dans la réalité. Il faut plusieurs jours pour réaliser que c’est fini. Il y a un mélange de fatigue, de soulagement et de diarrhée … persistante ! qui obligent à rester pas trop loin du canapé et des WC. On se dit, on se répète qu’on l’a fait, qu’on y est arrivé. Et de l’avoir fini avec son frère, c’est encore plus fort. Dans ce mélange de satisfaction et de fatigue, on pense à tous ceux que l’on a fait rêver, mais aussi à la pression que l’on fait subir à ses proches, à ma femme Sylvie et à mes enfants, Coline, Tanguy et Solène. On s’aperçoit en rentrant chez nous qu’il y a un réel soulagement de toute la famille, de voir que le papa n’est pas trop abîmé, et qu’il peut encore servir correctement.
La question qui revient souvent : « Vas-tu recommencer ? » La réponse n’est pas évidente et demande une bonne réflexion. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sera pas l’année prochaine… à moins que David Casteu ne nous demande d’être ses porteurs d’eau.
Etienne
La Saga des Frères - http://www.vulliet-dakar.net/