Souviens-toi, le dos sert d’amortisseur pour préserver le crâne et son précieux contenu. L’amortissement provient en partie du disque intervertébral. En cas de pression trop importante, son noyau peut être chassé, et causer une hernie. Elle va tout d’abord appuyer sur le ligament et provoquer une lombalgie. Puis la hernie finit par traverser ce ligament, et entrer en contact avec l’une des 2 racines du nerf sciatique, d’où apparition de l’irradiation douloureuse dans la jambe. Cette douleur atteint un territoire précis et complet.
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Nous allons aborder la trop fameuse sciatique, occasionnée par une hernie discale.
Les sciatiques sont rarement dues à un traumatisme (15%). Les facteurs de risques sont : la grande taille, l’effort de soulèvement, surtout quand il est associé de rotations. Qu’en est-il de la moto ? Désolé, les gars, je n’ai pas trouvé d’études sur notre petite population. Mais il est certain que piloter debout comme Stéphane Peterhansel est bien meilleur que de chercher la motricité assis les fesses sur le garde-boue. Bon, je n’ai pas la prétention de révolutionner le cross. Mais le dos des crossmen vieillit vite… Par analogie, les vibrations de basses fréquences occasionnent des problèmes aux pilotes d’hélicoptères.
Sciatique par hernie discale = lumbago + courant électrique jusqu’à un orteil,
sinon méfiance !
Dans MV de novembre, nous avons vu que 14% seulement des douleurs dans la jambe sont dues à des hernies discales. On peut irriter le nerf plus bas. Le sacrum peut être coincé en oblique, par choc sur une jambe. « Un coup d’ostéopathie » et ça repart ! Le spasme d’un muscle dans la fesse peut irriter le nerf sciatique 20 cm en dessous de sa racine. Tout kinésithérapeute peut vous apprendre à détendre ce muscle pyramidal. Encore plus fréquentes, les sciatalgies : ces fausses sciatiques ne dépassent pas le mollet. Les sciatalgies ne sont pas neurologiques et présentent une autre différence avec la sciatique : elles sont déclenchées en extension du tronc, quand on se cambre. Alors que, vous le savez tous, les sciatiques sont réveillées par la pression du disque, lorsqu’on se penche en avant.
J’ai une sciatique par hernie discale : « Faut-il m’opérer ? »
– Oui, en urgence, dans 3 cas : si tu ne peux plus fléchir ou étendre la cheville ou si la vessie est paralysée. Enfin, si tu souffres le martyr malgré la morphine.
– Non, dans tous les autres cas. Une sensation d’anesthésie ou de fourmillement dans la jambe ne doit pas être un motif suffisant pour se faire opérer. La taille de la hernie n’est pas non plus un critère de gravité : 50% des hernies disparaissent spontanément, notamment les plus grosses !
La stratégie à suivre est claire : traitement médical comportant le repos (essentiel, mais de courte durée). Les anti-inflammatoires seront encore plus efficaces s’ils sont déposés près de la hernie, par une à trois infiltrations. Bien qu’impressionnant, ce geste est sans risque et pratiqué depuis 1901 (il peut donner mal à la tête dans 1.9% des cas). Ce sont les patients qui demandent la 2e infiltration ! Si on injecte un anesthésique, on obtient une péridurale… que les femmes ont plébiscité pour accoucher !
On évitera les manipulations pour ne pas risquer de détacher la hernie du disque, avec possibilité d’aggraver la compression. La kinésithérapie sera faite en 2 phases. Initialement antalgique et décontractante, elle comportera ensuite les techniques de verrouillage, voire l’École du dos.
La guérison sous traitement médical est supérieure à 90%.
Si la douleur persiste après 2 mois d’un traitement médical bien conduit, il est logique d’envisager un traitement chirurgical. Les résultats de la chirurgie sont plus rapides pendant les premiers mois, puis il n’y a plus de différence. Mais ses complications sont diverses et parfois sévères : la « fibrose » est définitive et peut aboutir en centre anti-douleur, avec mise en place d’électrodes dans la moelle pour diminuer la douleur.
D’où l’importance de se faire expliquer la stratégie. Les complications sont rares. Elles sont acceptables si les mesures les plus simples n’ont pas été efficaces !
La sciatique atteint autant l’homme que la femme. Mais les hommes sont opérés 50% fois plus, pour un résultat identique !
L’homme supporterait-il moins la douleur que la femme, ou aurait-il peur des piqûres ? Ce n’est pas faux ! Sauvons la face en rappelant que la patience n’est pas la vertu cardinale de l’homme !
À bientôt !
Dr Jean-Cyril PONCET
Rhumatologue, Médecin du Sport, Ostéopathe
www.amis.asso.fr