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LES SIGNES
Le syndrome du canal carpien est très fréquent, surtout à partir de la quarantaine.
En général, les choses débutent par des engourdissements et des picotements, puis de véritables douleurs à la main, remontant vers l’avant-bras, le coude ou même l’épaule. Les symptômes réveillent pendant la nuit et pourraient faire penser à une espèce de syndrome des loges chez les crosseux ou chez ceux qui abusent de banderollée ! Les douleurs peuvent également toucher un seul ou plusieurs doigts, mais elles épargnent habituellement le petit doigt. Le plus souvent une seule main est concernée.
Ces signes amènent généralement à consulter après quelques semaines ou quelques mois d’évolution.
Si vous laisser les choses trainer, une gêne apparaît lors des prises fines de la vie courante ( visser un gicleur, régler la hauteur d’aiguille du carbu, boutonner les vêtements… etc.). Cette gêne est liée à la fois à l’insensibilité progressive du pouce et des doigts de la pince, et à la paralysie des muscles de la base du pouce qui « fondent ».
LA CAUSE
Le syndrome du canal carpien est lié à la compression du nerf médian au poignet. Le nerf médian est celui qui conduit la sensibilité du pouce et des 2 ou 3 doigts voisins et qui commande certains muscles de la base du pouce. Au niveau du poignet et du talon de la main, il rejoint la paume et les doigts en passant, avec les tendons fléchisseurs des doigts, dans le « canal carpien ». Ce canal est formé en arrière par les petits osselets du carpe, qui ont la forme d’une gouttière ; cette gouttière est fermée en avant par un ligament très épais, le « ligament annulaire antérieur du carpe ».
Le syndrome du canal carpien est lié à une augmentation de pression dans ce canal, pour une raison inconnue. Tout se passe comme si le contenu ( le nerf médian ) de ce canal se retrouvait « à l’étroit ». Cela ne gêne pas le jeu des tendons fléchisseurs des doigts, mais cela perturbe la conduction du nerf médian, à l’endroit où il est comprimé par le ligament. A un stade ultime, la compression chronique du nerf peut finir par le laminer et le détruire complètement, de façon irréversible.
LE DIAGNOSTIC
Dans la majorité des cas, le diagnostic est fait à l’énoncé des signes cités plus haut.
L’examen du médecin recherche, mais souvent sans les trouver, des signes d’insensibilité des pulpes du pouce et des doigts, ainsi que des signes de paralysie et de fonte musculaire à la base du pouce. Il peut aussi rechercher à reproduire les signes sensitifs par des manœuvres spéciales.
Un électromyogramme (EMG) est le plus souvent prescrit pour confirmer le diagnostic. Il retrouve un ralentissement de la vitesse de conduction du nerf médian au canal carpien. Il permet aussi de chiffrer l’importance de ce ralentissement. Enfin, il recherche une atteinte associée d’un autre nerf sensitif de la main ( le nerf cubital ) et une éventuelle atteinte du nerf médian à un autre niveau. Une atteinte « à double étage » est en effet possible, en particulier en cas d’arthrose cervicale.
Des radiographies du poignet, du cou peuvent être demandées.
TRAITEMENT
Trois possibilités :
1- Ne rien faire, et observer l’évolution. C’est le plus souvent ce qu’il faut faire lorsque les signes ont débuté depuis quelques semaines ou quelques mois, sans paralysie du pouce, ni baisse de la sensibilité des doigts, et que la gêne reste supportable. Les choses peuvent en effet s’atténuer ou disparaître spontanément pendant plusieurs mois ou années, et il n’est donc pas utile d’opérer systématiquement.
2- Faire des infiltrations de corticostéroïdes au poignet, autour du nerf médian. C’est ce qu’on peut proposer si les douleurs sont importantes et que les signes ont débuté depuis moins d’un an. Ces infiltrations sont habituellement faites par les médecins rhumatologues. Les infiltrations soulagent dans 80% des cas les douleurs pendant quelques semaines. La réponse à l’infiltration confirme encore le diagnostic dans certains cas de doute, et permet de prévoir avec une grande probabilité l’efficacité du traitement chirurgical. Toutefois, l’infiltration ne fait disparaître les symptômes pendant plus d’un an que chez 20 % environ des patients. On est donc souvent conduit à envisager de répéter les infiltrations. Or les infiltrations répétées sont dangereuses, et 3 infiltrations semblent un maximum à ne pas dépasser pour éviter d’atrophier et de fragiliser les tendons autour du nerf.
3- Opérer.
L’intervention chirurgicale est indiquée lorsque les signes évoluent depuis plus d’un an, que les signes sensitifs deviennent permanents ou s’aggravent, ou qu’il existe des signes moteurs ou sensitifs objectifs, ou que les signes de compression sont évolués sur l’électromyogramme, ou que les signes sensitifs réapparaissent après une ou deux infiltrations.
L’hospitalisation ne dure généralement que quelques heures. Sur le plan technique, cette intervention peut être faite selon les cas sous anesthésie générale très brève ou sous anesthésie régionale avec un garrot pneumatique gonflé au bras pour éviter les saignements.
L’intervention a pour but de décomprimer le nerf médian en sectionnant le ligament épais qui le recouvre. Il existe 2 façons de pratiquer cette décompression : soit de manière classique, soit par endoscopie.
Le soir même de l’intervention, les signes sensitifs des doigts qui avaient motivé l’intervention ont généralement disparu, de façon définitive .Pendant les premiers jours qui suivent l’intervention, il est conseillé de placer sa main au niveau du cœur et de ne pas la laisser pendre. Il ne faut pas hésiter à mobiliser les doigts en les ouvrant et en les fermant.
Pendant les 2 premiers mois qui suivent l’intervention, la moto doit rester à l’ombre, il est également interdit de se servir de la clé de 27. En somme d’éviter les mouvements de forces. Cependant, tous les mouvements des doigts qui ne nécessitent pas de force peuvent et doivent être faits : tenir une fourchette, écrire, tenir un objet léger, ouvrir et fermer les doigts…etc. En résumé, nous recommandons de se servir le plus normalement possible de sa main en la faisant bouger tout en évitant les gestes de force. Cette auto-rééducation est très habituellement suffisante.
Docteur martial DELORME
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